Il n’y a jamais de bon moment pour vivre de l’insécurité alimentaire, mais la période des Fêtes peut être très difficile pour les personnes dans le besoin, surtout dans la foulée d’une pandémie mondiale. 

« La COVID-19 a apporté de nouveaux défis financiers à de nombreuses personnes dans cette ville », explique Hailey Helset, responsable de l’engagement des organismes et des dépôts à la banque alimentaire d’Edmonton. « Pendant les Fêtes, ces difficultés ont tendance à s’accentuer, en particulier pour les familles. »  

Des familles comme celle de Grace, Emanuel et leurs deux jeunes enfants.

« Les banques alimentaires ne se limitent pas à la nourriture, nous formons une communauté, affirme Hailey. Alors, quand les gens se présentent à nos portes parce qu’ils ne savent plus où se tourner, on fait tout ce qu’on peut pour leur venir en aide. C’est ce qui est arrivé lorsque Grace nous a contactés. Son mari Emanuel a été mis à pied la semaine précédant Noël, et une amie l’a dirigée vers la banque alimentaire d’Edmonton. »

Ne sachant pas à quoi s’attendre, Grace a finalement été très émue en voyant le contenu du panier alimentaire que sa famille allait recevoir.

Hailey raconte la suite des choses : « L’une de nos bénévoles expliquait à Grace qu’en plus des conserves, des pâtes, des céréales et de la soupe, son panier serait aussi rempli de fruits et légumes frais, de produits laitiers ainsi que de produits de boulangerie et de pâtisseries. Le soulagement et l’enthousiasme se faisaient sentir dans la voix de Grace : “Vous allez changer nos vies, nous allons pouvoir nous en sortir!”, s’est-elle exclamée. Aucun mot ne peut décrire à quel point il est incroyable d’avoir un tel effet positif sur des gens. Voilà l’importance de ce que nous faisons. » 

Nous avons aidé la banque alimentaire d’Edmonton à faire ce don de joie sous la forme de sacs de denrées d’urgence tant attendus.

« C’est grâce au soutien de Banques alimentaires Canada et aux sacs de denrées d’urgence qu’ils nous ont fournis que nous avons pu offrir aux familles une plus grande variété de denrées non périssables dans leurs paniers, affirme Hailey. S’il y a une retombée positive de la pandémie, je pense que c’est de savoir que nous pouvons accomplir de grandes choses en unissant nos efforts. Ensemble, nous nous sommes adaptés et nous avons surmonté les difficultés. Nous continuerons de soutenir notre communauté de la meilleure façon possible. »

La banque alimentaire d’Edmonton nourrit plus de 21 000 personnes chaque mois, en plus de faciliter l’établissement de relations communautaires avec plus de 250 organismes, écoles et églises d’Edmonton.

Au cours de la dernière année, il y a une chose dont les gens ont eu envie plus que de la nourriture. 

« Et c’est de la gentillesse », affirme Dianne MacDonnell, coordonnatrice de programme à la Hope Food Bank, en Colombie-Britannique. En ce moment, tant de gens éprouvent des difficultés en raison de la pandémie – certains plus que d’autres. En fait, de nombreux nouveaux visages se sont présentés à nos portes, ce qui n’est pas facile à voir. Surtout quand on considère que l’insécurité alimentaire et la santé mentale vont de pair. »

Selon Dianne, c’est dans ces moments-là que faire preuve d’empathie et d’un peu de patience peut vraiment changer la vie de quelqu’un.

« Ne sous-estimez jamais le pouvoir de la gentillesse, poursuit Dianne. Cela me fait penser à l’histoire d’une famille de quatre personnes vivant assez près de notre banque alimentaire, mais qui était inquiète de sortir en raison de la COVID-19. La famille s’est donc inscrite pour recevoir des paniers alimentaires hebdomadaires. Mais un jour, la mère a décidé de venir voir les autres aliments que nous avions sur place (qui n’étaient peut-être pas inclus dans les livraisons). »

C’est alors qu’elle a été stupéfaite par les quelques surprises que Dianne lui réservait.

« Nous recevons beaucoup d’aliments récupérés dans nos épiceries locales, et la mère était très heureuse de voir la quantité de produits de qualité que j’ai pu mettre dans son panier, se rappelle Dianne. En plus de lui offrir des fruits et légumes frais, j’avais aussi plusieurs cartes-cadeaux d’épicerie sous la main, alors je lui en ai donné une pour chaque membre de sa famille. Je n’oublierai jamais sa réaction. Elle a commencé à trembler et elle m’a dit : “C’est vrai? C’est vrai? J’ai droit à tout ça?” Et puis les larmes ont commencé à couler sur son visage, ce qui m’a fait pleurer. C’était un moment très émouvant et j’étais tellement heureuse d’être en mesure de faire ça pour elle. »

Les fonds pour acheter ces cartes-cadeaux d’épicerie et une tonne de nourriture ont été fournis par Banques alimentaires Canada.

« Quand la COVID-19 a frappé, nous étions comme un chevreuil aveuglé par les phares d’une voiture, explique Dianne. Heureusement, Banques alimentaires Canada offrait quelques possibilités de subventions, auxquelles nous avons eu accès très rapidement. Comme nous sommes petits, nous n’avons pas beaucoup d’argent, et les fonds que nous avons reçus de ces subventions ont été une véritable bénédiction pour nous et pour chaque personne de notre communauté qui dépend de la Hope Food Bank. »

La Hope Food Bank dessert actuellement 675 ménages qui servent 300 membres chaque mois, dont le plus important est composé de treize membres.

Le caractère interminable de la pandémie fait que des gens de tous âges se sentent de plus en plus isolés.

« Les enfants vivent une période exceptionnellement difficile, affirme Angela McInnes, présidente de la Inuvik Food Bank. Ils ont besoin d’interagir avec leurs amis. Et après sept mois de confinement et de distanciation sociale, nous avons compris qu’il n’y aurait pas d’Halloween. Alors, en tant que banque alimentaire, nous avons décidé que les jeunes de notre communauté ne vivraient pas une autre grande déception en raison de la COVID-19. »

C’est à ce moment qu’Angela et ses collègues de la banque alimentaire ont décidé de prendre l’Halloween en main.

« Nous avons eu l’idée de distribuer des sacs de gâteries, mais avec une petite touche spéciale, explique Angela. Au lieu d’être remplis de sucreries, les sacs que nous avons préparés contenaient des fruits, du yogourt et des boîtes de jus. Les enfants sont venus avec leurs parents et leurs aînés, et tous ont pu oublier la réalité pendant quelques brefs instants et passer un bon moment. C’est l’activité que j’ai préféré faire l’année dernière, car elle a beaucoup compté pour tout le monde. »

Un des souvenirs les plus marquants de cette journée pour Angela est celui d’une jeune fille qui a reçu une grenade.

« Pour ajouter de la variété à nos sacs de gâteries santé, nous avons acheté des caisses de grenades, poursuit Angela. Ma fille était assez sceptique quant à ce choix de fruit et me disait avec insistance que personne ne saurait ce qu’est une grenade. Puis, une petite fille est arrivée. Elle était très timide au début, jusqu’à ce qu’elle regarde à l’intérieur d’un sac et crie : “maman, c’est une grenade, c’est une grenade!” Non seulement cette petite fille savait ce qu’était une grenade, mais elle était vraiment très contente. Je ne laisserai jamais ma fille oublier ça. »

Pouvoir organiser cet événement pour la communauté a été particulièrement significatif pour la Inuvik Food Bank. 

« Avant l’arrivée de la pandémie, nous étions sur le point de devoir fermer nos portes, affirme Angela. Tant l’argent que la nourriture venaient à manquer, tout comme nos options. Puis, Banques alimentaires Canada a commencé à verser des fonds d’urgence en réponse à la COVID-19. Notre situation financière s’est nettement améliorée, ce qui nous a permis de faire des réserves et de distribuer des aliments que nous ne pouvions pas offrir auparavant : des produits frais tels que du fromage et du beurre, ainsi qu’un autre produit dont raffolent nos clients, le café. Les aînés aiment beaucoup recevoir du café parce qu’ils ne peuvent pas toujours s’en acheter avec la pension qui leur est versée. Ce sont des petites choses comme ça qui donnent aux gens une lueur d’espoir, au milieu de toutes les difficultés et de toutes les inquiétudes. C’est ce dont l’humanité a besoin en ce moment. »

Imaginez que votre gagne-pain est lié à l’alimentation et que, soudainement, vous n’avez pas assez d’argent pour nourrir votre famille.

C’était la triste réalité de Brandon et de Sarah*, un couple marié qui gère un restaurant à Kamloops, en Colombie-Britannique. « Lorsque la COVID-19 a frappé, je pense que beaucoup de gens ont pris conscience qu’ils pourraient eux-mêmes se retrouver dans une banque alimentaire », explique Bernadette Siracky, directrice générale de la Kamloops Food Bank. 

« Mais je n’aurais jamais pensé un seul instant que ce pourrait être notre cas », poursuit Brandon. 

Sa femme, Sarah, est du même avis. « C’est certainement quelque chose que je n’oublierai jamais. J’étais dans la cuisine étrangement silencieuse de notre restaurant où j’emballais le reste de la nourriture pour l’apporter à la Kamloops Food Bank (lorsque le premier confinement est entré en vigueur). Après avoir vécu l’angoisse de mettre à pied notre personnel, nous étions déterminés à tout faire pour maintenir notre entreprise en vie. Nous avons donc continué à payer nos factures dans l’espoir que la fermeture temporaire ne durerait pas longtemps. »

Cependant, le confinement s’est prolongé et le restaurant est demeuré fermé.

« À un certain moment, nous avons dû demander de l’aide, poursuit Brandon. En tant que propriétaire de restaurant qui doit subvenir aux besoins de sa famille, c’était très difficile à accepter. Cependant, dès notre arrivée sur place (à la banque alimentaire), nos inquiétudes se sont immédiatement estompées. Le personnel nous a accueillis chaleureusement et nous avons tout de suite ressenti un sentiment de communauté, ce qui était très rassurant. »

Le soutien que la Kamloops Food Bank a reçu de Banques alimentaires Canada a permis de renforcer ce sentiment de réconfort.

« La COVID-19 nous a forcés à revoir complètement notre façon de fonctionner, conclut Bernadette. Banques alimentaires Canada nous a permis de repartir du bon pied, non seulement en reconnaissant nos défis, mais aussi en nous fournissant du financement pour les surmonter. Ainsi, nous avons pu payer les coûts liés à des éléments essentiels comme l’EPI, le personnel supplémentaire et l’espace pour entreposer plus d’aliments. Le soutien que nous avons reçu était très opportun. Plus important encore, Banques alimentaires Canada nous a libérés de tout souci pour que nous puissions continuer de donner espoir aux gens à un moment où ils en avaient le plus besoin, et cela signifie beaucoup pour nous. »

La Kamloops Food Bank dessert plus de 6 000 personnes, 54 organismes communautaires et 9 banques alimentaires régionales.

*Les noms ont été changés pour des raisons de confidentialité.

Avec la pandémie de COVID-19, des millions de Canadiens d’un océan à l’autre savent désormais à quoi ressemble l’insécurité alimentaire.

Les tablettes vides des épiceries au début de la pandémie ont privé les gens de certains aliments dont ils avaient besoin ou envie. Cependant, lorsque l’insécurité alimentaire est une réalité à laquelle vous êtes confronté pour la première fois, entendre parler de pénuries alimentaires locales peut être une véritable source d’inquiétude, tout comme la perspective de devoir demander de l’aide.

John Bailey, chef de la direction de la Regina Food Bank, poursuit :

Bon nombre des nouveaux visages que nous avons vus au cours de la dernière année ont eu du mal à surmonter les préjugés liés au recours à une banque alimentaire, affirme John. Une personne en particulier me vient en tête : une jeune femme nommée Astrid* qui travaille dans le secteur des services. Quand la COVID-19 a frappé, Astrid et son partenaire ont tous deux été mis à pied. 

N’ayant aucune épargne et un jeune enfant à sa charge, Astrid s’est tournée à contrecœur vers la Regina Food Bank.

Astrid avait de la difficulté à accepter de devoir avoir recours à une banque alimentaire, se souvient John. Comprenez-moi bien, elle était aussi extrêmement reconnaissante que nous soyons là pour l’aider. Ce qui a finalement fait le bonheur d’Astrid, c’est de ne plus avoir besoin de nos services. Cela nous a rendus heureux, mon équipe et moi, parce que chaque banque alimentaire veut voir son volume de clients diminuer, pas augmenter. 

Alors que la Regina Food Bank travaille à l’atteinte de cet objectif, l’aide apportée par Banques alimentaires Canada lui a permis de continuer à soutenir sa communauté sans interruption.

Au début de la pandémie, la chaîne d’approvisionnement était vraiment affaiblie, explique John. Banques alimentaires Canada a réussi à relever ce défi particulier pour nous plus efficacement que certains de nos partenaires grossistes. Grâce à la force d’un réseau national, Banques alimentaires Canada a été en mesure d’offrir des aliments de qualité aux gens de Regina. C’était tout simplement incroyable. 

Bien que la lutte contre la COVID se poursuive et que les préjugés envers l’insécurité alimentaire demeurent, John jette un regard positif sur la suite des choses.

Bien que la pandémie ait mis à l’épreuve Astrid et le reste d’entre nous d’une manière que nous n’aurions jamais pu imaginer, je crois sincèrement que notre capacité de résilience est bien supérieure à ce que nous aurions cru possible.

La Regina Food Bank vient normalement en aide à 80 000 personnes par année. Avec la pandémie, ce nombre est passé à 110 000 en 2020. * Le nom a été changé pour des raisons de confidentialité.